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Henri Wallon par Bastien-Lepage



Cote DWB09D11d2m.

Photographie du tableau original.

Cote BERB01D11.

Détail de la copie du tableau.

Cote DWB18D12z.

Caricature du tableau par André Gill.


Henri Wallon peint par Bastien-Lepage en 1875. Ce tableau a fait l'objet d'un don de la famille Wallon au musée du Louvre en 1905 et est actuellement conservé au château de Versailles. Il mesure 1,04 m par 0,81 m. Il été caricaturé par André Gill dans le journal l'Eclipse n° 394 du dimanche 14 mai 1876. Il existe une copie de ce tableau, exécutée par M. Bin en 1976 pour le compte de François Charles Wallon.

Voici ce qu'en dit Arthur Duparc dans "Le Correspondant" le 25 mai 1875 :
"Son portrait d'homme se recommande par l'exactitude du modelé, par la finesse de l'expression, la souplesse de la pose. Les mains surtout sont d'un dessin étonnant, d'un exécution ferme et adoucie tout à la fois qui surprend. Je crois pouvoir affirmer qu'il n'y a pas, dans tout le salon, un aussi excellent morceau de peinture. Tout le monde sera d'accord, du reste, à reconnaître les qualités de ce portrait".




Détail du portrait.


Voici ce qu'écrit encore Henry James dans Esquisses Parisiennes :
"Paris, 6 mai 1876. - Dans ma dernière lettre, je n'ai qu'incomplètement rendu compte du Salon. J'ai été obligé de m'arrêter avant de pouvoir mentionner certaines oeuvres les plus intéressantes. Parmi celles-ci, se trouve le portrait de M. Wallon, le dernier ministre de l'Instruction Publique, par Bastien-Lepage, certainement le meilleur portrait de l'exposition, et dans un certain sens l'oeuvre la plus parfaite. Quoique plutôt sec et littéral, et manquant de liberté et de style, c'est un magistral morceau de peinture, offrant, sinon un haut, du moins un très solide intérêt. Il représente un vieil homme d'allure sédentaire, érudite, avec un front chauve et fuyant - le front fuit admirablement- des yeux pâles, bleu clair, et un visage plissé, pétri, doucement meurtri, peut-on dire, par le temps. Le modelé du visage, le relief distinct et pourtant atténué du nez, les nuances minutieuses du teint, les contours vaguement irrités et gercés de la bouche - tout cela est superbe. C'est une peinture patient, analytique, sans imagination, mais le résultat est une remarquable expression de la réalité - une réalité qui, dans le visage, rappelle vivement Holbein. (...) L'habileté du peintre semble s'être épuisée à modeler le visage ; mais elle retrouve une brève vigueur dans les mains, qui sont disposées à plat sur les genoux, avec une gaucherie strictement historique, et qui, épaissies et tachées par l'âge, sont admirables. En somme, c'est un très beau portrait dans une manière secondaire - ce qui est mieux, je pense, qu'une oeuvre du second ordre dans la grande manière. Si la valeur d'une oeuvre d'art doit être mesurée à sa capacité entièrement le but qu'elle se propose, la création de M. Bastien-Lepage mérite une mention très honorable".


Au contraire, le portrait est pris comme prétexte par Edmond About dans "le XIXe siècle" du samedi 17 juin 1876 pour attaquer violemment Henri Wallon :
"Un teint blafard, grisâtre, couleur de plâtre mouillé, un visage plat, une bouche pincée en sphincter de poule, deux petits yeux de faïence qui ne disent rien de bon, un corps sans muscles dans un habit étriqué ; la chemise, la cravate et la désinvolture d'un régent de neuvième devant son inspecteur d'Académie : voilà M. Wallon, ministre déconfit de l'instruction publique, si l'on en croyait le portrait exposé par M. Bastien-Lepage. Cette charge poussée à fond par un jeune artiste de grand talent vous laisse dans l'esprit une vague impression de vengeance sommaire et rustique. On dirait que le peintre n'a pas voulu portraire, mais afficher le continuateur de M. de Cumont, le clouer sur la porte de l'Université comme un ministre nuisible. Tudieu ! jeune homme, vous êtes dur pour les fléaux dans ouvrage. On vous accorde que l'homme est un assez pauvre homme, mais vous lui prodiguez un peu les signes extérieurs de l'étroitesse d'esprit, de l'entêtement à mal faire, de la médiocrité maussade et crispée. Quels traits, quelles couleurs emploieriez-vous si vous aviez à peindre un vrai pleutre ? J'ai vu M. Wallon à la tribune et j'avoue qu'il y faisait pas brillante figure ; mais encore était-il moins piteux que cela".



Cote DWB09D06d1.

Photocopie du violent article d'About.

Cote DWB09D06d2.

Photocopie de la lette de Paul Wallon adressée à About en réponse à son article.


Paul Wallon, le fils d'Henri Wallon, prêt à en découdre, prend sa plume pour répondre à Edmond About, avec efficacité, apparemment :
"Monsieur, vous avez fait paraître dans le N° du XIXe Siècle du samedi 17 juin un article sur le Salon dans lequel vous parlez de Monsieur Wallon, mon père. Cet article m'autorise à vous parler à mon tour.

Si je ne suis sorti de la réserve que je m'étais toujours imposée à votre égard, c'est que je considérais comme ne pouvant atteindre mon père ces attaques continuelles, ces calomnies qui vous dirigiez contre lui ; plusieurs fois vous avez été convaincu officiellement de mensonge, vous le savez bien. Et puis je ne vous reconnais pas à vous, Monsieur About, l'ancien familier de Compiègne, l'homme que chacun connaît enfin, le droit d'insulter un homme dont la vie politique comme la vie privée ont toujours été dignes et irréprochables.

Encouragé par le silence qui vous a sans doute trompé mais qui n'était que l'expression de mon mépris, heureux de pouvoir calomnier impunément un homme qui ne cherchait pas à se défendre, aujourd'hui, vous devenez trivial et grossier.

Votre conduite, Monsieur, est [celle] d'un imposteur et d'un lâche."


Paul Wallon note enfin en marge du courrier :
"J'avais prié deux de mes amis Charles Saghier et Albert Lalanne de se tenir à ma disposition. Je n'ai jamais reçu de réponse à cette lettre. Mais à partir de ce jour, le journal Le XIXe Siècle a cessé toute polémique. Ni About ni Sarcy n'ont plus jamais fait allusion à mon père."